mardi 4 février 2014

Repos du guerrier

Il y a de ces jours qui malgré mon optimisme et ma joie de de vivre, sont difficiles.  La lassitude mentale m'assaille et le combat devient alors beaucoup plus rude.  La vie avec une maladie chronique amène son lot de déceptions, de peines, de batailles vaines et de difficultés.  Je n'ai pas de contrôle sur la suite des choses, du moins pas complètement, et je dois compter sur le temps: celui qui guérit, qui répond aux questions,qui répare, qui est porteur d'espoir, mais aussi, celui qui passe et qui ne revient plus.  Je crains de me réveiller vieille, usée et toujours aussi malade avec la fin de mon échéancier sans avoir pu faire ce que je souhaitais, voir ce que je voulais et déguster des plaisirs qui me sont présentement inaccessibles.  Malgré ma volonté et ma force morale, il a de ces jours qui me voient dans toute ma fragilité, dans toute ma vulnérabilité.  Mon regard se voile de brume, s'embue devant l'impuissance et je hurlerai de rage lorsque la simple caresse de mes enfants sur mon corps étranger me fait souffrir comme un millier d'aiguillions sur une peau à vif.  Mon esprit se refuse à simplement tenter de comprendre ou même d'accepter cette souffrance qui n'a de sens que dans une dimension inconnue par moi, car ces caresses devraient revêtir sur ma peau la douceur tel les ailes d'un ange.  Il y a de ces jours qui m'étouffent entre mes murs, qui me font sentir prisonnière de mon corps et de mon lieu. Depuis un an et demi que je suis cloîtrée dans ma maison de poupée, celle avec son escalier qui monte vers les nuages, avec sa fenêtre sur les champs à perte de vue, et pourtant, cette vision du vaste ne me donne pas plus d'espace, elle ne restreint pas moins les limites de ma cage de brique victorienne. Je me sens ainsi coincée, sans possibilité de fuir, car la fuite est impossible lorsque l'on ne peut aller nulle part ailleurs.  Et oui, il y a de ces jours pendant lesquels j'ai envie d'abandonner, de baisser les bras, de déclarer forfait et de me coucher en boule en attendant que passe la tempête. Ce serait si facile de simplement laisser tomber que ça en est presque écoeurant.  Par contre, je sais pertinemment que cet état de découragement et de tristesse sera temporaire, c'est pour cette raison que je le laisse être, car il est légitime vu les circonstances particulières de mon existence. J'ai appris à accepter ces jours pendant lesquels je foutrais en l'air ma vie entière tant je suis exténuée par le combat et je sais que je finis toujours pas retomber sur mes pattes, il ne s'agit que de le laisser se reposer le guerrier.  Je me donne donc le droit d'être momentanément vulnérable, d'être totalement enragée et lassée par ce quotidien hors norme qui demande un effort constant pour poursuivre une route sinueuse dont l'issue est incertaine, mais qui demeure aussi une possibilité de me rendre vers mes aspirations profondes, mon bonheur souhaité et ma liberté, qui eux, me permettront de me laisser toucher par des ailes d'anges dont la grâce me fera sûrement pleurer d'une joie qui vaudra toujours la bataille.


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