dimanche 24 novembre 2013

Exorcisme de l'âme

Il y a toujours une foule d'idées qui circulent dans ma tête, un trafic permanent. Parfois, ça en devient presque ingérable. De ces pensées, plusieurs sont foncièrement bonnes, d'autres, beaucoup moins. En ce dimanche froid et venteux, ce sont celles de la deuxième catégorie qui me triturent l'esprit.

Tout à commencé très banalement, comme 90% de tout ce qui arrive dans la vie.  Donc, ma soeur est ''banalement'' partie avec mes enfants faire une promenade, ce qui les a enchantés et m'a par le fait même fait plaisir aussi. Puis insidieusement, la machine à penser, celles des mauvaises évidemment, a commencé son cirque. Je me suis alors sentie coupable de ne pas pouvoir y aller avec eux, de ne pas être là durant cette sortie, durant ce moment à l'extérieur de la maison.  Je me suis aussi questionnée sur ma valeur en tant que mère, si cette valeur était moindre à cause de la maladie, à cause de mon absence à certain moment de leur vie, de façon si involontaire soit-elle.  Mes enfants m'en voudront-ils un jour de cette absence, de cette maladie, de ce que je n'ai pu être ou de que je n'ai pu faire. Me tiendront-ils rancune de ces bulletins que je n'aurai pas reçu de mains propres, de ces semaines, mois et années où j'aurai été cloîtré à la maison, de ces jours de grande fatigue pendant lesquels je n'aurai pas jouer, de ces sorties que je n'aurai pas faites, de ces moment où ils m'auraient souhaité là et où je n'étais simplement pas.........

Pourtant, je me sais une bonne mère. Je n'ai jamais manqué un jour de devoirs et leçons, pas un matin d'école, pas une fête, pas un repas, ni un bonne nuit. Je me sais drôle et enjouée, loufoque et  farfelue puis totalement puérile. Je n'ai jamais démontré d'amertume et j'ai toujours parlé ouvertement avec eux de la maladie, répondu à leur question et je suis demeurée positive relativement tout le temps. J'ai passé des heures à cuisiner avec eux, à lire des histoires, à écouter des films collé sous la doudou. J'ai souvent su leur prêter une oreille attentive, les conseiller et les guider. Je tente de leur apprendre le bonheur et la gratitude à chaque jour, à chaque instant de leur vie en leur enseignant à apprécier ce qu'ils ont au lieu de vouloir ce qu'ils n'ont pas. Mais tout cela saura-t-il être suffisant pour palier mes absences, mes manques et les souvenirs que je n'aurai pas réussi à fabriquer? Mes rires, mes envies de magie, mes moments volés à travers les petits riens et mes brins de folie sauront-ils faire oublier les larmes qui se cachent parfois derrière mes sourires afin de leur offrir l'enfance que je souhaite pour eux. Il n'y a rien que je puisse espérer davantage que leur bonheur et rien que je ne redoute plus que leur rancoeur.

Dans ces moments, je voudrais exorciser mon âme de toutes ces pensées qui ne mènent nulle part, l'absoudre de ce chaos émotionnel intempestif, car j'ai l'entière certitude qu'un jour tout ceci sera derrière nous, que tout ceci aura servi à quelque chose, ne serait-ce qu'à apprendre la valeur intrinsèque de la vie elle-même, à fabriquer le  bonheur lorsqu'il n'existe plus et à ne jamais rien prendre pour acquis, sauf leur propre capacité à traverser les tempêtes.

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