mardi 3 décembre 2013

Ce qui a manqué

Il y a de ces moments où l'on se questionne, où l'on parle avec des si, où l'on fait des bilans et même des suppositions sur ce qui n'a pas existé. Il y a de ces moments, où l'on se demande seulement......et si?

Hier était l'une de celles-ci. Je tentais d'imaginer qu'elle aurait pu être ma vie sans cette maladie qui est arrivée pour ne plus jamais repartir alors que j'étais à l'aube de mes seize ans. Qu'aurais-je fait de mieux, de plus ou de différent? L'ambition aurait-elle dominée ma vie? L'appât du gain aurait-il été démesuré? Aurais-je réalisé plus de rêves? Le fait est que je n'en sais rien et ne le saurai jamais, ce qui m'importe peu au fond puisque ces questions sont de celles que l'on se posent par curiosité, voilà tout. Je suis fière de ce que j'ai accompli, de ma vie, d'où j'en suis. Par contre, avec des questions,  j'ai découvert ce qui a manqué, ce que j'aurais voulu y ressentir et pouvoir y vivre: L'insouciance. Celle de la jeunesse, celle qui permet de se sentir immortel et invincible.  Celle qui donne une arrogance, une impulsivité. Celle qui frôle parfois l'inconscience.

J'aurais souhaité partir sur un coup de tête avec des amis pour un road trip, sans carte, sans destination avec uniquement l'envie de parcourir du pays. J'aurais voulu sortir et fêter soir après soir, sans avoir de limites, comme s'il n'y avait pas de lendemain. J'aurais aimé travaillé dur, travaillé tard, travaillé trop et rentré quelque part où je serais seule, dans un chez moi qui n'appartiendrais à nul autre, pour un jour vouloir le partager. Je me serais tellement préférée autonome, devant autant de possibilités que j'aurais pu en imaginer, au volant d'une voiture qui m'aurait mené à la croisée des chemins. Je me serais imaginée aventurière, traversant les océans pour voir plus loin, pour voir plus beau, pour voir ces ailleurs qui me dépayseraient. Peut-être n'en n'aurait-il pas été ainsi, mais l'insouciance, pour moi,  c'est justement de croire que tout est possible, sans s'inquiéter de rien et surtout pas de l'avenir. Oui, c'est cette légèreté qui m'a manqué,cette liberté, cette jeunesse inaccomplie, cette indifférence, ces choix que je n'ai pas eu, cette désinvolture et cette exaltation.

Pour ce qui est du reste, pour ce qui est de moi, je sais que j'ai eu mieux, que j'ai eu plus et que cette absence d'insouciance m'aura apporté une conscience des choses bien au-delà des possibilités que j'aurais pu avoir, et c'est cela qui fait de moi qui je suis aujourd'hui et qui me rend ce que j'ai perdu jadis, car aujourd'hui j'ai la liberté d'être pleinement.





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