dimanche 15 décembre 2013

Doute

Parfois, il y a des mauvais jours où les malaises me reviennent avec force, où les symptômes enfouis refont surface, où la peur me prend au ventre et étrangle mes désirs d'avenir.  Dans ces jours, mon corps ne m'obéit plus, il devient mon ennemi redoutable, il se brise et fait à sa tête comme si mes envies lui importaient peu. Je suis alors à sa merci, dans l'obligation d'obtempéré et je deviens prisonnière de son emprise, prisonnière de ma propre chair.  Le sentiment ressenti en cet instant est indescriptible par sa violence et par son obligatoire passivité qui me sidère chaque fois comme au premier jour. Vingt ans se sont écoulés et pourtant, les émotions sont identiques.  Je me dois de faire face et d'affronter ma vulnérabilité à un point que je n'aurais jamais cru possible et ma fragilité évidente dans ces jours d'écrasement m'est encore difficile à admettre ou à accepter, dans les deux cas, je lutte contre moi-même.  Si la guérison est pour moi un but à atteindre, dans ces sombres journées, la maladie reprend la place qui lui plait et devient ma bataille, car c'est ce que je fais, non pas par choix, je bataille.  Je bataille contre l'incontrôlable, contre l'inadmissible, contre l'inimaginable, contre les préjugés, contre l'invisible.

Dans ces moments, les doutes sur mon futurs m'assaillent et me persécutent comme un millier de vagues contre un rocher.  Je me sens frêle et effrayée, car mon corps et la maladie qui le possède me rappellent que je ne décide pas de tout, que je ne contrôle rien et que je ne sais tout simplement pas ce que sera demain avec la certitude que cette ignorance est fondée et légitime. Je crains de ne pas voir New York en automne, de ne jamais sentir à nouveau l'odeur de la brise de l'océan, de ne pas marcher où bon me semble sans montre et sans peur de tomber, de ne pas voir mes enfants grandir loin de chez moi car loin est maintenant synonyme pour moi d'inaccessible.  Que serai-je demain, dans un an ou dans dix ans?  Gagnerai-je cette bataille ou la guerre triomphera-t-elle de moi?  La majorité du temps, je suis confiante, forte et résiliente, mais dans ces jours maudits qui imposent à mon souvenir la peur du demain, je suis perdue dans le doute. L'unique conviction que je tire de mon destin à venir est qu'il sera fait de renouveau, puisque dans la vie comme en beaucoup de choses, la temporalité des événements implique le mouvement en soi et tout ce qui se meut à la possibilité de se transformer tel les saisons qui meurent avec l'hiver pour renaître au printemps.




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